Chapitre I

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D] Après la Seconde Guerre Mondiale

1. Emigrations

1.1) Rassemblement des Polonais dispersés dans le monde entier

    Après la fin de la guerre, une partie des Polonais dispersée dans le monde entier est arrivée en Belgique en France. Leur nombre est estimé entre 15.000 et 20.000. Ils venaient dans nos régions pour ne pas retourner dans leur pays car ce dernier était devenu communiste. C'étaient principalement des ouvriers déportés en Allemagne, des prisonniers de guerre, des captifs des camps de concentration et des soldats des Forces Polonaises (entre autres, des soldats de la première Division Blindée du général Maczek et de l'aviation Polonaise).

    En 1947, le nombre des Polonais en Belgique est de 58.542 personnes dont 34.640 hommes étaient employés principalement dans les mines. Une situation économique exceptionnelle, la facilité de trouver un emploi et des gains élevés ont attiré des Polonais et quelques milliers de Juifs polonais.

 

1.2) Emigration de l'intelligentsia et de "Solidarité"

    Après l'exposition mondiale de Bruxelles de 1958 (l'Expo 58), en 1968 (répression des étudiants et fuites des Polonais d'origines juives) et dans les années 80 (clandestins de "Solidarité"), des Polonais ont continué à venir en Belgique. Cette immigration était composé principalement de l'intelligentsia. En comparaison à la période précédente, leur nombre était peu nombreux. Ces départs ont acquis un caractère personnel, économique et politique.

    Suite a une grave crise économique et sociale en Pologne, dans les années 80, les ouvriers des chantiers navals de Gdansk se mirent en grève en signe de protestation contre l'augmentation des prix et le rationnement des biens de première nécessité. Sous leur impulsion, un syndicat indépendant fut créé, le 22 septembre 1980, appelé "Solidarnosc" ("Solidarité"). Ce syndicat réclamait des améliorations économiques et une liberté politique plus grande, pour imposer la loi martiale. Lech Walesa, ouvrier en électricité des chantiers de Gdansk, en devint le chef de file. Malheureusement, le général Wojciech JaruzelskiWojciech Jaruzelski : (1923- ), général et homme politique polonais. Premier ministre en 1981-85 ; il instaure l' "état de guerre " (déc. 1981- déc. 82) et met hors la loi le syndicat "Solidarité" (1982). , secrétaire du Parti Communiste, craignait que les luttes menées par le syndicat, désormais puissant, ne servent de prétexte à une intervention armée de l'URSS. Il devint Président, décréta l'état de guerre, le 13 décembre 1981 et suspendit les activités de "Solidarité". Lech Walesa fut emprisonné et "Solidarité" fut interdit le 8 octobre 1982. Des milliers d'autres activistes de Solidarité furent arrêtés et même incarcérés, et environ 130 d'entre-eux furent tués. Toute opposition ouvrière ou politique fut interdite et les réformateurs au sein du Parti communiste furent également réduits au silence. "Solidarité" perdit sa base mais survécut sous la forme d'une opposition clandestine. En effet, beaucoup de membres fuirent la Pologne pour se réfugier dans d'autres pays où ils purent continuer à exercer leur lutte de "Solidarité".

Lech Walesa lors d'un  meeting. Sur l'une des banderoles, on lit : "Pas de liberté sans Dieu et sans "Solidarité" ".                        La ville de Gdansk est le plus grand centre culturel du nord de la Pologne et elle connaît une activité industrielle très importante. C'est là que fut fondé le syndicat "Solidarnosc"en 1980.

    La Belgique a tenu un rôle important pour l'émigration de "Solidarité" dont l'ampleur a été évaluée à 5.000 personnes. En effet, le siège du bureau étranger de "Solidarité" se trouvait à Bruxelles. La grande majorité s'est vite intégrée dans la société belge et n'a pas eu de contacts avec les autres Polonais. En outre, une partie de l'aristocratie polonaise habite également en Belgique et continue les traditions polonaises et le culte de la langue.

    Le caractère ouvrier domine le milieu polonais en Belgique. En effet, le pourcentage de Polonais qui sont propriétaires d'usine, de magasins ou d'ateliers était très petit. Dans la structure socioprofessionnelle des Polonais, les changements concernent généralement les personnes de la deuxième et troisième génération, nées et éduquées, le plus souvent, en Belgique. L'intelligentsia augmente ainsi considérablement. Plusieurs sont devenus des scientifiques respectés en Belgique, dont des architectes, des dessinateurs, des musiciens, des médecins, des ingénieurs et des économistes. En Belgique, le nombre de Polonais diminue constamment suite aux décès, départs dans d'autres pays et la naturalisation belge de certains immigrés.